Témoignage. Sidi Ould Cheikh Abdallahi : Un homme qui a quitté « l’enfer » d’ici-bas pour le Paradis de l’au-delà.

mer, 11/25/2020 - 09:40

Le Président de la République, Son Excellence M. Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, a assisté personnellement à la prière funéraire sur le corps de feu l’ancien Président, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, décédé dans la nuit de dimanche à lundi, à la suite d’un malaise cardiaque.

Les chefs d’état-major des forces armées et de sécurité et de très hautes personnalités de l’État, ont pris part au partage douloureux de cet instant où le commun des mortels  rappelé à Dieu laisse derrière lui  ceux qui ont prié sur son corps et qui vont le suivre.

La présence du Chef de l’Etat en ces moments de douleur et de compassion est plus que significative. Cette retrouvaille de dernière minute entre les deux hommes, Sidi Ould Cheikh Abdallahi,  celui qui  prend le départ pour l’au-delà et Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani  celui qui reviendra après la prière à la triste réalité de la vie, (celle qui rappelle à chacun de nous et chaque instant que nous appartenons tous à Dieu et qu’il nous rappellera quand il veut et dans l’ordre qu’il veut) est très significative.

Pourquoi pas ? Peut être, qu’en ces moments émouvants de recueillement, l’autre Sidi Ould Cheikh Abdallahi rappelé à Dieu a,   avant d’aller à sa dernière demeure, pardonné à Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani de s’être laissé entrainer malgré lui un mercredi 6 août 2008 dans la plus grande arnaque politico-militaire qu’a connu le  pays depuis son accession à l’indépendance en 1960.

 

Nous sommes tous après tout, sans exception,  communs des  mortels et mortels nous le serons toujours. La présence du chef de l’état à la cérémonie de la prière mortuaire, très appréciée et très louable, signifiait peut être pour l’actuel président qu’il était venu « payer » ses dettes envers celui qui n’avait  jamais fait du mal à qui se soit, qui était  profondément religieux et qui était toujours plus proche de l’Eternel par ses prières et son adoration que  près des hommes.

 

Si tous  les habitants du petit hameau de Lemden, blotti entre un marécage et une savane aux abords du lac d’Aleg, ont pleuré pour la disparition de ce saint homme qui s’était toujours  montré tout au long de sa vie de 82 ans plus attaché à la religion qu’au pouvoir ou à la politique, tous les mauritaniens à l’exception « d’une poignée de personnes »  ont pleuré celui qui est entré dans l’histoire de ce pays sans le demander vraiment  et qui est en sorti déçu par tous ceux qui lui ont fait du mal sans raison justifiée.

 

La Mauritanie est en deuil. Le Koweït aussi. Le Niger également. Le Sénégal verse des larmes en abondance.  Mais aussi et surtout et plus près de nous,  des milliers de nos compatriotes, des mauritaniens négro-africains sont en deuil parce qu’ils viennent de perdre celui qu’ils considéraient comme le « père spirituel » de l’espoir qui leur restait de voir leur passif raconté au passé.

 

Qui était donc Sidi Ould Cheikh Abdallahi dont la mort subite et inattendue a endeuillé la Mauritanie toute entière dans sa diversité ethnique, religieuse et politique ?

 

J’ai les larmes aux yeux et mes mots ont été remplacés par des maux qui m’empêchent de tracer le profil d’un homme hors du commun. Et c’est vrai. Depuis 1971, sa première entrée au gouvernement de Ould Daddah dont il incarnait  beaucoup de vertus et jusqu’à son sommeil éternel,  cet homme n’a jamais menti à personne, jamais trahi son amour pour son prochain et n’a jamais vendu aux enchères publiques ses valeurs morales et spirituelles contre les misères de la vie ici bas, où d’autres se battent armés d’ingratitude, de malhonnêteté et de misère morale.

 

 

Sidi. Pardonne à tous ceux  qui t’ont fait du mal ce mercredi 8 août 2008 pour leur intérêt personnel,

Sidi. Pardonne à toux ceux qui  ont  raconté des mensonges sur ta personne pour justifier ton départ du pouvoir.

Sidi,  pardonne à tous ceux qui,  pour des raisons compréhensibles, ont baissé la tête en apprenant ta mort,

Sidi, pardonne à tous ceux qui n’ont pas prié sur  ton corps pourtant   immaculé de pureté.

Reposes en paix Monsieur le président. Reposes  en paix dans les vertes prairies du paradis loin du mensonge et loin de l’injustice d’ici bas,

Tu n’as pas besoin de dire  à Celui qui t’a rappelé à lui qui nous sommes. Il  sait qui nous sommes : des riens, moins que rien. Quand notre tour viendra pour aller à l’au-delà, nous nous en rendront compte et ce jour viendra tôt ou tard.

 

Reposes en paix Excellence Monsieur le Président des opprimési. Qu’Allah le Tout Puissant  t’accorde sa miséricorde.

 

Mohamed Chighali.