BILLET HEBDO : Retraités de Mauripost / Des laissés pour compte

ven, 01/17/2025 - 23:39

   Notre Tribune relate cette semaine quelques pratiques de gestion au niveau de Mauripost, mais surtout, et en premier lieu, le cas de ses retraités, fraichement partis à la retraite le 31 Décembre 2024, dont je fais partie, qui se sont vus maltraités, sans raison apparente, malgré leur conduite professionnelle exemplaire tout le temps qu’ils ont passé à l’institution. Leur infliger le paiement immédiat de la part restante de leurs prêts contractés il y a moins de deux ans souligne l’injustice et le dur comportement appliqué à leurs égards, non seulement en tant qu’anciens cadres salariés, mais aussi en tant que clients assidus et en règle en matière d’échéanciers.

1. Le cadre de la situation personnelle du salarié retraité

    Le plus souvent, le salarié à Mauripost avant son départ à la retraite, aurait souscrit un prêt pour faire face à ses besoins personnels, probablement dans l’espoir d’une certaine stabilité financière à plus long terme. Or, la rupture du salaire due à la retraite a entraîné dans notre cas une obligation de remboursement immédiat du restant du prêt, sans attendre la fin de la durée qui est de quatre ans. Une telle décision, prise sans discernement, expose ces anciens salariés à une pression insoutenable, d’autant plus qu’il leur faut un temps encore assez long pour disposer des nouvelles ressources de pension de retraite, bien modestes.

     Sur le plan social, il est important de souligner les nombreuses difficultés auxquelles le retraité fait face. Il est généralement plus vulnérable, non seulement financièrement mais aussi psychologiquement, étant dans une phase de transition importante de sa vie. De plus, il se peut qu’il ait des charges familiales ou qu’il vive dans un contexte de précarité, avec des besoins qui ne sont plus couverts comme avant par son salaire. Imposer un remboursement aussi lourd dans de telles conditions peut aboutir à un réel déséquilibre dans sa situation, affectant négativement son bien-être et celui de sa famille.

2. L’acharnement de l'institution sur ses retraités

     Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large où l’institution, La Mauripost, semble faire preuve d'une réprimande systématique envers ses retraités. Au lieu de chercher des solutions plus humaines et respectueuses, les directions générales successives ont privilégié des mesures qui exacerbent la souffrance des anciens employés. Cette attitude est d'autant plus choquante lorsque l’on considère que l’institution perd des centaines de millions MRO dans des créances impayées dues à des clients mal assidus en matière de recouvrement. En effet, La Poste, en tant qu’entité publique, n’a jamais semblé faire preuve de la même rigueur envers ses débiteurs peu scrupuleux que vis-à-vis de ses anciens salariés, créant ainsi une iniquité flagrante dans ses pratiques. Cela soulève des questions éthiques sur la responsabilité de Mauripost envers ses employés, en particulier ceux qui ont consacré leur vie professionnelle à cette organisation. Dans ce contexte, l’acte de demander un remboursement immédiat et rapide d’une partie substantielle du prêt semble non seulement injuste, mais aussi symptomatique d’une politique déshumanisée et axée uniquement sur des critères financiers au détriment du bien-être des anciens employés.

3.  La mauvaise interprétation de la convention collective en matière de gestion des droits à la retraite

    Par ailleurs, il est essentiel de rappeler que l'institution a fait un recours systématique à des interprétations défavorables des textes législatifs anciens, notamment ceux régissant la convention collective du travail. Ces interprétations tendent à réduire les droits des salariés concernant leur retraite, cherchant à minimiser le montant auquel chaque salarié a droit, alors même qu’ils ont été employés fidèlement pendant des décennies. Cela constitue une atteinte à la dignité de ces travailleurs, qui, au moment de leur retraite, doivent faire face à une réduction de leurs revenus alors même qu’ils n'ont pas vu aucune revalorisation de leurs salaires au cours de leur carrière.

     La persistance par les divers directeurs de l’institution dans ces pratiques dénote une gestion de plus en plus axée sur le seul principe économique, au détriment de la dimension sociale de la relation employeur-employé. Aucun d’eux n’a cherché à changer cette situation désastreuse, ce qui montre une volonté manifeste de contourner les acquis sociaux des salariés, tout en cherchant à réduire les coûts pour l’organisation, sans prendre en compte les conséquences humaines de tel état de situation.

4. Le mauvais usage des fonds déposés et la gestion à risque

     Un autre point crucial dans cette analyse réside dans la gestion des fonds des déposants par Mauripost.

     Au lieu de suivre les procédures classiques de fructification de ces fonds, notamment en les plaçant dans des instruments financiers sûrs comme les Bons de trésor ou dans des placements en banque, ou encore la participation au capital de sociétés publiques ou parapubliques de la place, l'institution a décidé d’accorder des prêts, s’apparente à des prêts bancaires classiques, et ce, sans les garanties nécessaires. Ce choix, qui peut être perçu comme une gestion à risque, a exposé les fonds des déposants à des situations financières incertaines, en dehors des procédures habituelles. En outre, ces prêts ont souvent été accordés sans prendre en compte la capacité réelle des emprunteurs à rembourser, générant ainsi des créances impayées et une gestion financière hasardeuse.

                                                       MOHAMED OULD SNIH